[NUMERO 2] Emi’sphères / Autour de la bande dessinée
Renouer le lien entre les citoyens et la sphère médiatique, tel est l’objectif de l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI). Depuis 40 ans, des programmes d’EMI se développent afin d’éveiller la curiosité et l’esprit critique, notamment des plus jeunes. En Auvergne-Rhône-Alpes, les acteurs partagent leurs compétences pour déconstruire l’information et démocratiser la pratique des médias. Dans le cadre du projet Emi’sphères, des étudiants de l’Ecole de journalisme de Grenoble sont allés à leur rencontre. Dans ce numéro, Diane Ranville nous livre sa vision de l’EMI. Scénariste de bandes dessinées, elle a animé un atelier organisé par la Maison de l’image, le 7 avril à Grenoble. Le but : montrer que la fiction peut aider à élaborer des débats avec un jeune public sur la question des médias.
Jeudi 7 avril, huit professionnels de l’éducation aux médias (EMI) ont assisté à l’atelier de création de personnages médiatiques de la dessinatrice Diane Ranville. « C’est un exercice pour former les éducateurs à de nouveaux outils pour comprendre l’usage des médias », précise l’illustratrice. Dans une salle de l’Atelier Canopé 38, jeunes éducateurs, bibliothécaires, animateurs, professeurs en IUT ou encore musiciens prennent la place des élèves : « Je suis curieux de voir comment la fiction permet de libérer la parole sur n’importe quel thème, que l’on soit adulte ou enfant », s’enthousiasme Mickaël, l’un des bibliothécaires.
L’atelier se déroule en deux temps : les participants s’accordent sur un thème commun puis choisissent des personnages-types à élaborer. Diane Ranville propose de travailler autour de la question : « Quelle relation faut-il avoir avec les réseaux sociaux ? » Comme en dissertation, les personnages vont illustrer différents points de vue. « Cela permet aux élèves de se mettre à la place de l’autre et de construire des arguments de compréhension », précise la dessinatrice. De l’apparence à la relation qu’entretient le personnage avec les médias, tout est inventé. Le plus : chaque protagoniste a un super-pouvoir. Certains peuvent revivre les moments photographiés sur leur compte Instagram, d’autres peuvent s’ajouter 3 000 abonnés par jour. Ces facilités soulignent les avantages et les inconvénients de l’usage des réseaux sociaux ainsi que les différents types d’utilisateurs qui existent.
Un défi pour capter le jeune public
Au bout de deux heures, l’atelier se termine. « J’aurais aimé assister à la confrontation des personnages mais on manquait de temps », se désole Adrien, éducateur à la Villeneuve d’Échirolles. La création d’une histoire demande du temps et de l’investissement. Un exercice qui ne convient pas à tous les publics selon Pauline, qui travaille avec des jeunes isolés : « C’est déjà dur de les faire venir aux activités, encore plus de leur faire créer une histoire ! » Astrid, animatrice périscolaire, est emballée par l’idée et pense la réutiliser dans ses futurs projets : « Comme en théâtre d’impro, cet exercice permet de montrer qu’ils ont des compétences en dehors de celles mobilisées à l’école. »
Gaëtan Loiseau
Hugo Marrequeste
Inès Mitanne
Guillaume Richaud