Utiliser le support web pour sensibiliser la jeune génération à l’information : une méthode qui n’est pas nouvelle mais qui connait un regain depuis quelques années. Plusieurs médias jeunesse, associations ou professeurs, mettent en place des outils pédagogiques numériques dédiés à l’éducation aux médias. De la maternelle au lycée, ils œuvrent pour sensibiliser les plus jeunes à l’information. Pour la 11^ème édition des Assises de Tours, plusieurs professionnels sont venus présenter leurs initiatives.

La vidéo de 1 jour 1 actu datant du 10 mars 2018.

La plateforme numérique de Milan presse: « s’informer, s’entrainer, produire, échanger »

Depuis septembre 2017, Milan Presse a lancé « 1 jour 1 actu ». Il s’agit d’un transmédia, accessible dès l’âge de huit ans. Il se décline en hebdomadaire papier et par le biais d’un site internet. Pour Marie Révillon, rédactrice en chef adjointe au monde de l’Ecole, « l’éducation média via le support web est devenu incontournable ». Loin de dévaloriser la presse papier, cette journaliste estime que le numérique est un « support pertinent pour sensibiliser la jeunesse à la production et au partage de l’information ». La plateforme digitale est mise à disposition des écoles et centres de loisir. Elle  regroupe quatre espaces de travail : s’informer (articles  en ligne « 1 jour 1 actu » et vidéo éducatives « 1 jour 1 question »), s’entrainer (fiches pédagogiques sur le travail journalistique), produire (rédaction d’article par les élèves) et échanger (correspondance entre les différents établissements). A ce jour plus de 2200 groupes sont inscrits sur la plateforme, 1000 articles ont été publiés et le site regroupe 34 nationalités différentes. Pour Marie Révillon, « produire de l’information est la meilleure façon de sensibiliser les enfants. En utilisant ce format, nous faisons de la prévention ; plus les enfants apprendront à manier tôt internet, plus ils seront avertis des risques que cela peut entrainer ».

Mettre en lumière les zones rurales : un défi de l’académie Orléans-Tours

Pour remettre sur le même pied d’égalité les zones rurales et urbaines, une initiative lancée en 2014 par l’académie Orléans-Tours se développe dans le Loir-et-Cher. Quinze classes de primaire participent à la création et l’alimentation d’une web radio, et des pages twitter et Wikipédia. Recherche d’un sujet, vérification des informations, écriture, montage sur audacity, lancement des jingles… Les élèves s’occupent de tout le processus de production.  Christophe Dupuy, conseiller pédagogique, référent académique de l’EMI (Education aux Médias et à l’Information), rassure les inquiets d’une telle utilisation du web à cet âge : « le but n’est pas d’inciter les élèves à utiliser massivement internet, on souhaite les responsabiliser ». Pour lui, il est « impossible de renier le développement de l’identité numérique. Il ne s’agit donc pas de jeter le loup dans la bergerie mais de leur apprendre à utiliser raisonnablement un support qu’ils seront amenés à utiliser plus tard ». Les écoliers ne sont pas pour autant sans filet. Encadrés par leur professeur, qui les accompagne et vieille au respect des règles, ils bénéficient également de conseils de journalistes. « Pour nos élèves qui vivent souvent dans de petits villages, il est important de rester connectés à la réalité qui les entoure. Cette expérience leur permet d’investir leur environnement, tout en restant connectés à l’actualité nationale », conclue Christophe Dupuy.

Le Ptit Libé : simplifier l’information pour une meilleure compréhension

Tous les vendredis, Le Ptit Libé explique un sujet d’actualité qui fait la une. Mais comment expliquer la guerre en Syrie ou le harcèlement sexuel à des enfants qui ont entre 8 et 12 ans ? Pour cela, la construction des articles se divise en trois temps : un témoignage pour l’immersion dans le sujet, quatre questions auxquelles les journalistes tentent de répondre de manière très simple et enfin un quizz pour que l’enfant réalise ce qu’il a compris ou non. En plus de ces articles en ligne, le média essaie de sensibiliser la jeune génération aux « Fake news ». L’année dernière, il créé un jeu nommé « Le Ptit Libé dans la jungle de l’info ». C’est après être intervenus dans différents collèges que les journalistes ont remarqué que certains élèves se noyaient dans les flux d’information, jusqu’à croire aux « théories du complot ». Face à ce constat, Cécile Bourgneuf, journaliste à Libération, décide avec deux de ses confrères de mettre en place ce jeu interactif. Le principe est le suivant : les enfants ont un thème d’actualité (ex : le réchauffement climatique) et ils doivent mener leur enquête dans la jungle, où ils  rencontrent des animaux qui leurs donnent des informations. A eux de vérifier si les propos sont vrais ou faux. Cécile Bourgneuf estime qu’ « on ne peut pas laisser les enfants croire à tout et n’importe quoi, d’où l’importance de l’éducation à l’information, notamment via des jeux pédagogiques ». En utilisant le support numérique, l’objectif du Ptit Libé est de sensibiliser la jeunesse à la viabilité des sources.

Même si le web devient un support privilégié dans l’éducation aux médias, Anne Lechaudel, coordinatrice de CLEMI Paris (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) rappelle l’importance du papier : « la presse écrite reste un excellent outil pour apprendre à lire et à écrire. Elle est plus adaptée aux capacités d’un enfant. Même si nous sommes à l’heure du tout numérique et qu’il est important confronter les élèves à cette réalité, je pense que la presse écrite a de très beaux jours devant elle ».