Le parasport a, comme tous les quatre ans, son regain d’intérêt à l’arrivée des Jeux Paralympiques. Cette année plus que jamais, les médias comptent sur l’édition parisienne pour définitivement en finir avec les inégalités de traitement.

Le parasport est en plein développement en France et les Jeux de Paris 2024 sont perçus comme une phase de test afin que sa médiatisation se pérennise. Crédits : Faire Face – CSPF 2016/G.Picout

Le parasport aura droit une nouvelle fois à son heure de gloire cet été. Les Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024 auront lieu dans moins de 150 jours, et aux Assises du journalisme de Tours, acteurs du métier et sportifs étaient présents pour évoquer la médiatisation d’un milieu en plein boum.

Depuis l’an 2000, la médiatisation du parasport est en constante croissance selon un baromètre de l’ARCOM publié en septembre 2023. Cette même année, 1.5 % des sujets évoqués sur les JT des chaînes généralistes évoquent le handisport. En 2021, cette part s’élève à 4.2 %. Concrètement, le sujet explose tous les deux ans, lors des années olympiques, mais il est surreprésenté lors des éditions estivales. En revanche, hors olympiades, le parasport est presque inexistant dans les médias. Sur France 2, lors des années olympiques, 16 sujets en lien avec la discipline sont diffusés en moyenne. Le reste du temps, ce chiffre tombe à quatre. A cet égard la France accuse un sérieux retard sur ses voisins européens. En Italie et en Espagne, beaucoup d’événements non paralympiques sont diffusés en direct sur les chaînes nationales alors qu’en France, il faut chercher sur Internet, et ceci pour suivre seulement les sports les plus connus (rugby, basketball, tennis). Mais les médias français sont conscients de ce retard et comptent sur les Jeux de Paris pour insuffler une nouvelle dynamique à la représentation du parasport. Chez France Télévision, un lourd dispositif sera mis en place. Les 22 disciplines seront filmées et diffusées en direct, 24 consultants viendront couvrir l’événement et les commentateurs seront pour la plupart les mêmes pour les épreuves olympiques et paralympiques.

Une marche à suivre

L’engouement du public pour le parasport est en hausse, mais il est tout de même très bas. En cause, un déficit d’explications sur les règles des sports dans les médias. Et en sport para, celles-ci sont parfois très complexes. Pour l’athlète Ryadh Sallem, « il n’est pas possible de donner envie aux gens s’ils ne comprennent rien. » Le joueur de rugby fauteuil ajoute qu’il faut banaliser et rendre naturel le handicap. Il ne faut pas montrer des personnes en situation de handicap uniquement parce qu’elles ont cette condition. Les athlètes sont des sportifs comme les autres. Les contre-performances ne doivent pas être occultées car l’enjeu sportif prime. « Sur un plateau après une défaite, on m’a encore félicité pour ma force, pour ma résilience, alors que j’étais juste dégoûté de ma performance. On n’a pas évoqué à un seul moment les raisons de mon échec. » s’attriste Ryadh Sallem. Si pendant les jeux tout cela est respecté, les journalistes pourront suivre une trame et craindre moins, à l’avenir, d’évoquer ces sujets qui peuvent être perçus comme sensibles. Ryadh Sallem assure qu’il y aura « un avant et un après Paris. » Il estime que la pression de l’audimat n’est plus un problème pour la diffusion du handisport puisque le public est demandeur. Il va jusqu’à dire que « les médias qui ne traiteront pas de parasport dans les années à venir seront has been. »

Une professionnalisation bénéfique

Les para-athlètes se professionnalisent, beaucoup d’entre eux sont sous contrats avec des sponsors et leur image, de fait, s’exporte. Julien Soyer est journaliste de sport à Ouest France et ancien para-pongiste de haut niveau. Il estime qu’un phénomène de starisation est en train de naître. On retrouve plus fréquemment les mêmes athlètes dans les médias et de plus en plus de personnes handicapées, pratiquantes ou non, s’identifient à eux. « C’est un cercle vertueux, plus on retrouvera les mêmes sur des plateaux, plus on aura de demande, et plus on pourra diffuser le parasport. » avance Julien Soyer. Ryadh Sallem abonde dans le même sens. « Il y a 20 ans, on prenait des handicapés, on les jetait sur un plateau et ils ne savaient pas quoi dire, aujourd’hui, ils y sont entraînés. » Les athlètes sous contrat ont des obligations, ils doivent se montrer dans les médias et prennent peu à peu l’habitude de parler en public. Ils ont des choses à dire et participent à une légitimation de la pratique. Tout ceci motive alors les journalistes à se tourner vers les para-athlètes.

Envisager le web ?

Julien Soyer se dit totalement satisfait de la couverture actuelle du parasport. Selon lui, il est en quelque sorte traité au même titre que certains sports pratiqués debout. « Le parasport a la médiatisation qu’il doit avoir », assure-t-il. Des disciplines comme le tir ou le tennis de table ne sont quasiment pas diffusées ou mises en avant, et pour le journaliste, on ne peut pas attendre du parasport qu’il bénéficie de la même présence que le football dans les médias. Le sport para pourrait prendre exemple sur l’e-sport et s’auto diffuser massivement via Internet avec YouTube ou Twitch. Il profiterait de plus de possibilités et pourrait même aller chercher un nouveau public plus jeune. Julien Soyer encourage même à cela. « Il faut sensibiliser dès le plus jeune âge afin de faire changer les mentalités. Les jeunes sont sur Internet, il faut aller les chercher sur leur terrain. »

Raphaël Puygrenier

Les bons termes à utiliser lorsqu’on traite le sujet du parasport dans ses articles :

Raphaël Puygrenier