[NUMERO 6] Emi’sphères / Autour de la Maison de l’Image de Grenoble
Renouer le lien entre les citoyens et la sphère médiatique, tel est l’objectif de l’Éducation aux médias et à l’information (EMI). Depuis 40 ans, des programmes d’EMI se développent afin d’éveiller la curiosité et l’esprit critique, notamment des plus jeunes. En Auvergne-Rhône-Alpes, les acteurs partagent leurs compétences pour déconstruire l’information et démocratiser la pratique des médias. Dans le cadre du projet Emi’sphères, des étudiants de l’Ecole de journalisme de Grenoble sont allés à leur rencontre. Dans ce numéro, Noémie Rubat du Mérac, formatrice et coordinatrice éducation aux images à la Maison de l’Image de Grenoble, nous livre sa vision de l’EMI.
À l’origine, l’EMI est pensée comme une manière de déconstruire les médias traditionnels. C’est donc dans cette perspective-là que vont se former les premières associations, prétendant souvent à une activité médiatique. Pour certains, la posture est militante, en réponse «à l’aliénation culturelle des masses et à l’appauvrissement des points de vue divergents dans la société » (Jacques Piette, Education aux médias et fonction critique, 1996).
L’un des exemples de ce type en France est l’association CARMEN, d’abord structurée autour du média télévisuel pirate Canal Nord. À travers celui-ci, les différents membres de l’association – dont une partie était salariée – ont pu donner la parole aux habitants des quartiers populaires d’Amiens, autrement invisibilisés. Une baisse récente du budget de l’association a conduit à réduire la voilure en termes de reportages de terrain. Parallèlement, son action s’est diversifiée avec des interventions sur le thème de l’EMI, auprès de structures éducatives, sociales et culturelles.
La Maison de l’Image, l’EMI dans les quartiers grenoblois
C’est dans ce même esprit que s’est créée la Maison de l’Image de Grenoble. L’objectif : devenir un lieu incontournable de l’image et des activités liées à celle-ci. Fondée en 1973 en même temps que le quartier de la Villeneuve où elle est implantée, cette association consiste en un centre polyvalent où se côtoient expositions, formations et conférences. Pour sensibiliser les citoyens aux enjeux médiatiques, l’association abrite un centre d’archives et un « médialab », studio multimodal doté d’équipements audiovisuels. En plus d’offrir des enseignements techniques, la Maison de l’Image forme tous types de publics à l’éducation aux médias et aux usages des écrans.
Noémie Rubat du Mérac, formatrice et coordinatrice éducation aux images à la Maison de l’Image de Grenoble, estime que tout le monde est un média et que “c’est un enjeu démocratique de comprendre les enjeux de ces derniers et d’interagir avec”. Il est donc fondamental de former un public très large, même si l’essentiel des activités de l’association se concentre sur les plus jeunes. Gaël Payan, formateur photo et vidéo dans la même association, intervient dans une trentaine d’établissements scolaires de Grenoble chaque année. Lors des ateliers, ce ne sont pas toujours les bons élèves qui tirent leur épingle du jeu : “Souvent, les élèves en difficulté s’avèrent être les plus créatifs.” En rendant les élèves actifs, il les voit mûrir, chose “la plus satisfaisante”. Le graal ? “Croiser d’anciens élèves fiers de m’annoncer qu’ils se sont tournés vers des BTS dans l’audiovisuel.”
Simon Avon
Martin Baudry
Adam Benhammouda
Nino Dalbera