[NUMERO 1] Emi’sphères / Autour de l’académie de Grenoble
Renouer le lien entre les citoyens et la sphère médiatique, tel est l’objectif de l’Éducation aux médias et à l’information (EMI). Depuis 40 ans, des programmes d’EMI se développent afin d’éveiller la curiosité et l’esprit critique, notamment des plus jeunes. En Auvergne-Rhône-Alpes, les acteurs partagent leurs compétences pour déconstruire l’information et démocratiser la pratique des médias. Dans le cadre du projet Emi’sphères, des étudiants de l’Ecole de journalisme de Grenoble sont allés à leur rencontre. Dans ce numéro, Alexandre Winkler, coordinateur du Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI) nous livre sa vision de l’EMI.
Lors des “rendez-vous de l’image” organisés par la Maison de l’image le jeudi 7 avril 2022 à Grenoble, Alexandre Winkler revient sur l’importance d’informer la jeunesse sur la question des médias. Dans le cadre des missions du CLEMI, il organise des actions avec des journalistes dans les établissements scolaires.
Face à la surexposition médiatique et au développement des réseaux socio-numériques, comment faire la différence entre communication et informations journalistiques ? Comment déconstruire une fake news ? Quels sont les principaux acteurs médiatiques ? Voici les questions que l’on se pose au CLEMI, pour répondre au déclin de l’intérêt des jeunes pour l’information. Selon le 35e baromètre de La Croix, les 18-24 ans étaient en effet 51 % à se préoccuper de l’actualité en 2020, contre 38 % en 2021.
Depuis 1983, le CLEMI répond aux enjeux posés par le développement des médias. Fort de son ancrage dans la sphère médiatique, il accompagne les enseignants dans la création d’ateliers d’informations. Présent sur tout le territoire, il anime le réseau académique grâce à des coordinateurs comme M.Winker.
Différencier information et communication
Après l’assassinat de Samuel Paty en 2020, l’Éducation nationale a pris conscience de l’ampleur de la désinformation. « On s’est rendu compte de l’effet de certains discours sur les jeunes. Ils peuvent avoir une difficulté à faire le tri entre l’information, la communication et la manipulation », explique Alexandre Winkler.
Les enseignants se coordonnent alors avec le CLEMI, pour créer, avec l’aide de journalistes, des projets de webradios ou de magazines. « Des journalistes professionnels rencontrent les jeunes pour leur montrer que les médias rassemblent de nombreux métiers différents. » Alexandre Winkler distingue bien les « gens qui font les médias » de ceux qui créent le « buzz ». « Les journalistes travaillent dans un corps de métier bien particulier avec des règles et une déontologie précises. »
« Peut-on considérer qu’une chaîne Youtube est l’équivalent d’une chaîne d’information ? », se demande le coordinateur du CLEMI. Aujourd’hui des nouveaux dispositifs en ligne tels que Youtube ou Twitch sont mobilisés par des acteurs variés, tels que les femmes et hommes politiques, pour communiquer directement avec leurs publics-cibles. Selon l’Arcep, 70% des 12-17 ans utilisent les réseaux socio-numériques en 2021. Une raison de plus pour mettre en lumière le rôle des journalistes dans la diffusion de l’information. Accompagnés par le CLEMI, les plus jeunes, très présents sur ces plateformes, sont ainsi encouragés à décrypter une vidéo de fake news, à entreprendre « un travail de démontage, de déconstruction sur les images et les arguments » explique M. Winkler.
Pour lui, l’enjeu principal aujourd’hui est de commencer cette éducation dès l’école primaire. Il existe une presse jeunesse et « l’éducation aux médias et à l’information ne doit pas commencer quand on a 20 ans. »
Valentina Torres Arias
Emma Venancie
Yara Zirba