[NUMERO 5] Emi’sphères / Autour de l’Arcom Lyon
Renouer le lien entre les citoyens et la sphère médiatique, tel est l’objectif de l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI). Depuis 40 ans, des programmes d’EMI se développent afin d’éveiller la curiosité et l’esprit critique, notamment des plus jeunes. En Auvergne-Rhône-Alpes, les acteurs partagent leurs compétences pour déconstruire l’information et démocratiser la pratique des médias. Dans le cadre du projet Emi’sphères, des étudiants de l’Ecole de journalisme de Grenoble sont allés à leur rencontre. Dans ce numéro, Christine Derville évoque la sensibilisation des collégiens et lycéens sur leurs propres usages des médias.
La notion d’éducation aux médias apparaît pour la première fois au sein des institutions par le biais de l’éducation nationale avec les centres de documentation et d’information (CDI). Une circulaire datant de 1986 confirme le rôle des personnels responsables du CDI pour ces apprentissages, avec l’initiation à la recherche documentaire. Quelques années auparavant, en 1983, a été créé le CLEMI, devenu en 2007 le centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information. Il a pour mission de former les enseignants en éducation aux médias et à l’information ainsi que de promouvoir la pratique citoyenne des médias au sein des collèges et des lycées. Depuis juillet 2013, l’éducation aux médias et à l’information est inscrite dans le code de l’éducation comme devant être dispensée à tous les élèves des collèges. L’EMI a ensuite étendu sa pratique aux autres ministères comme celui de la culture.
En France, l’autorité régulatrice des médias est l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) née de la fusion au 1er janvier 2022 du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) et de la Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet). Les prérogatives de l’Arcom sont élargies dans le cadre de la loi contre la manipulation de l’information, également appelée « loi infox » ou « loi fake news », promulguée le 22 décembre 2018. Outre le fait de contraindre les plateformes à lutter contre la diffusion de fake news, cette loi oblige également les opérateurs de plateformes de réseaux sociaux à mettre en place des mesures d’éducation aux médias et à l’information.
« Il n’y a plus de hiérarchisation, les jeunes sont confrontés à un flux continu d’informations de tous genres”
L’Arcom développe également ses propres actions d’éducation aux médias, et ce par les médias-mêmes en fonction des publics. Elle met à disposition des enseignants des kits pédagogiques d’éducation aux médias. Actuellement, trois supports sont disponibles sur les thèmes suivants : l’égalité femmes-hommes dans les médias, la représentation de la société française et la lutte contre les discriminations, et la liberté d’expression et ses limites. Christine Derville, la secrétaire générale de l’Arcom Lyon, l’antenne rhônalpine de l’Arcom, intervient dans les collèges et les lycées de la région pour sensibiliser les jeunes à ces questions-là : “ Lors de mes interventions, je suis confrontée à un jeune public. Dans nos échanges, je remarque que les réseaux sociaux sont omniprésents et les enfants n’ont plus la notion de ce qu’est une information et un média. Il n’y a plus de hiérarchisation, ils sont confrontés à un flux continu d’informations de tous genres véhiculé par les réseaux sociaux”. En travaillant aux côtés des enseignants, documentalistes et journalistes, l’Arcom entend ainsi contribuer à renforcer le recul critique de ces jeunes à l’égard des informations auxquelles ils s’exposent.
Lucas Barbier
Ludivine Canard
Calvin Leclere