Alors que la métropole grenobloise  semble pouvoir offrir toutes les clés de la réussite, de jeunes acteurs des territoires périphériques choisissent résolument de rester pour y insuffler dynamisme et innovation sociale. Loin de subir leur éloignement de la ville, ils transforment leur ancrage local en levier de création, d’engagement et de rayonnement. Une tendance qui, à l’image du Plateau-des-Petites-Roches, illustre le renouveau de ces zones rurales et montagnardes, attirant de plus en plus la jeunesse.

Sur le Plateau-des-Petites-Roches, entre falaises et forêts, Valentin Serrano plane chaque semaine au-dessus de Saint-Hilaire-du-Touvet. À 17 ans, il est un jeune ambassadeur de ce coin de nature qu’il fait rayonner sur les réseaux sociaux à travers sa passion pour le parapente. Avec 35 vols hebdomadaires et 26 000 abonnés sur Instagram, il compte des milliers de vues sur ses vidéos qui sont appréciées en France mais aussi à l’international. Pour Valentin, rester vivre ici n’est pas un repli, mais un choix. “Partager ma passion sur les réseaux, c’est un moyen de promouvoir mon territoire”, affirme Valentin. “Le développement du parapente valorise notre environnement, ça donne envie aux gens de venir voir”, souligne-t-il avant de s’envoler. 

Cette envie de valoriser son coin de montagne, Kévin Martin la partage. Natif de Crolles, en contrebas du plateau, il a choisi de revenir après sept ans passés à Marseille. “Je suis revenu pour retrouver un cadre de vie agréable et dynamiser la vallée dans laquelle j’ai grandi”, confie-t-il. Engagé dans l’insertion sociale et professionnelle des jeunes via le réseau Mission Locale du Grésivaudan, il parcourt le territoire en camionnette avec deux collègues pour proposer des services d’écoute (logement, santé, administratif, accès à la culture, au sport et aux loisirs). “À Marseille, deuxième ville de France, tout était fait. Dans mon territoire, il y avait des choses à développer. Cela m’a servi de faire 7 ans à Marseille et de revenir dans ma campagne. J’aime le cadre de vie, le rapport à l’humain et la simplicité de la vie.”

“J’ai le sentiment qu’il y a encore le goût de la jeunesse à faire rayonner sa commune”

Le jeune adulte explique également l’importance de s’inspirer des grandes villes : “On prend toujours exemple sur ce qui est fait en ville car il y a d’autres moyens, d’autres acteurs. Même si c’est difficile de reproduire ça dans les territoires ruraux, des choses sont quand même faisables.” Selon lui, “il y a le goût de la jeunesse à faire rayonner sa commune, que ce soit en créant des associations ou en s’impliquant dans les petits jobs jeunes au sein des villages.

Cet engagement local résonne avec les aspirations d’une jeunesse plus large. Selon un sondage IFOP (Institut français d’opinion publique), commandé par l’ANEM (Agence nationale de l’emploi) et la Banque des Territoires en avril 2024, 38 % des Français envisageraient de s’installer en montagne – ce chiffre grimpe à 49 % chez les 18-35 ans, séduits par la qualité de vie et les espaces naturels. Cependant, seuls 7 % associent ce milieu à des opportunités professionnelles. Il s’agit d’une méconnaissance que des figures comme Kevin et Valentin cherchent à combattre, chacun à leur manière. “C’est à nous de faire des efforts pour promouvoir nos territoires”, partage le jeune parapentiste. De l’air libre au lien social, leur message est clair : les périphéries sont des espaces d’avenir – à condition de les investir avec passion et persévérance. 

Par Lucas Barrietis, Alex Berraud et Morgane Benkaab

Légende et crédits photo: Valentin Serrano, 17 ans, en plein envol depuis le Plateau-des-Petites-Roches. Lycéen en première, il pratique le parapente acrobatique à haut niveau. © Paul Serrano.