Les Croissants : la première matinale intelligente à porté de main
Juliana Metheyer
« Reprenez le contrôle du matin. Écoutez la première matinale radio intelligente », telle est la devise de la nouvelle application sortie le 8 janvier : Les Croissants. A l’heure où les podcasts connaissent un regain d’intérêt, cette start-up propose une matinale de 20 minutes dont les sujets sont adaptés aux goûts de l’auditeur. A l’occasion des Assises du Journalisme de Tours, Stanislas Signoud, ingénieur et fondateur des Croissants, a accepté de répondre à nos questions.
Stanislas Signoud, fondateur des Croissants.
Comment peut-on personnaliser notre matinale radio grâce à cette application?
Le principe est simple: nous vous proposons 30 thèmes et vous choisissez ce qui vous intéresse. Chaque jour une émission vous est proposée et vous devez indiquer si vous avez aimé ou non, cela permet par la suite d’affiner au fur et à mesure les contenus que l’on vous propose. Les Croissants dispose d’un journal, une météo et deux chroniques sur des sujet plus magazine. Nous cherchons à correspondre en terme d’écoute, puisque les auditeurs disposent un temps de 20 minutes qui correspond aussi au temps moyen de trajet des Français.
Pourquoi avoir choisi une application mobile comme support ?
Nous nous sommes posé la question : pourquoi un auditeur nous choisirait plutôt qu’une grande radio traditionnelle? Se lancer en tant qu’application était donc une manière de se différencier. L’avantage d’utiliser ce type de support était de récolter des données et de pouvoir affiner notre algorithme grâce aux « j’aime « ou « je n’aime pas ». Cela nous permet aussi d’envoyer une notification le matin,ce qui a un impact dans l’engagement de nos utilisateurs. Pour ces derniers il est aussi important d’avoir une bonne expérience d’écoute. Au debut nous avions commencé sur le web, ce qui n’était pas clair pour les utilisateurs. L’application est donc un moyen d’être plus accessible à tous.
Avec cette application mobile quelle tranche d’âge visez-vous?
Nous sommes une génération déconnectée de la radio mais adepte des podcasts et des contenus dé-linéralisés. Les matinales n’ont pas tellement changé depuis les 30 dernières années et nous avions envie de secouer le milieu de la radio. C’est pourquoi nous ciblons les 18-35 ans. Il s’agit d’une cible qui peut être attirée par notre volonté d’être un média avec peu de publicité et qui souhaite rester indépendant. Le but reste d’utiliser cette tranche d’âge comme tremplin pour atteindre le grand public. Deux mois après le lancement de notre média nous avons déjà dépassé la barre des 1000 abonnés.
En quoi consiste votre modèle économique?
Notre modèle économique se base surtout sur « la passion des fondateurs » (rires). En réalité il dépend de l’abonnement qui permet à moyen terme d’envisager une rentabilité sur 12 mois. Nous sommes un média sans publicité et qui se base sur un abonnement à 5,40 euros par mois ce qui reste relativement accessible. Ce qui nous permet de nous concentrer sur l’auditeur qui est notre client et non l’annonceur. Nous ne nous fermons aucune porte sur le long terme. Si un jour nous avons de la publicité, l’idée serait d’innover avec des techniques différentes tout en respectant nos choix éditoriaux. Par exemple, avoir une expérience « Adwordesque », tant pour les auditeurs que pour les annonceurs avec des pubs discrètes mais honnêtes. Et ciblées via les informations que nous avons, les intérêts des utilisateurs. Mais ça n’est au final pas à l’ordre du jour, puisque le marché publicitaire de l’audio n’est pas suffisamment structuré pour permettre à un acteur comme le nôtre d’apporter ce genre de propositions. En ce qui concerne le financement technique, je m’en occupe entièrement.
Créer une matinale à la carte n’est-il pas aussi un risque de maintenir l’auditeur dans sa bulle de filtre?
Le problème des bulles de filtres, c’est lorsque les medias sont gérés uniquement par des ingénieurs et des techniciens qui n’ont pas forcément un point de vue editorial. Pour nous il était important de mettre notre rédacteur en chef, Corentin Benoit-Gonin, au centre des réflexions sur l’algorithme. Lors de la création des croissants, on s’est vite rendu compte que certains sujets devaient être traités, même si la personne n’apprécie pas le thème. L’algorithme a donc été conçu de manière à mettre au coeur l’éditorial par différents mécanismes comme le mode aléatoire.