Les vidéos « à la Brut »se propagent
Elise Martin
Elles envahissent nos fils d’actualités Facebook, Twitter, ou encore YouTube. Les vidéos « à la Brut » connaissent un réel succès auprès des utilisateurs. Virales, elles deviennent le nouveau format d’information à la mode. Lors de la 11ème édition des Assises de Journalisme à Tours, Journalismes Info est allé à la rencontre des secrets de Brut, Monkey et LoopSider.
LoopSider, Monkey, Brut, voilà à quoi les vidéos virales d’information ressemblent.
« Un public qui s’informe en images via sa communauté », c’est cette nouvelle audience que Johan Hufnagel veut atteindre avec LoopSider, lancé le 18 janvier dernier: « Maintenant, les gens attendent que les informations viennent à eux. Il faut donc aller informer ces lecteurs ». Un diagnostic déjà fait par Guillaume Lacroix, créateur des vidéos Brut. « On a eu le déclic au moment des campagnes présidentielles l’année dernière. Sur les réseaux sociaux, il n’y avait la présence que des extrêmes ». Il faut informer là où se trouve les publics. La force de cet outil est sa gratuité d’accès. Grâce à cette formule, Brut décompte en France plus 250 000 vues en un an. Le succès de ces vidéos déclenche leur exportation à l’étranger. « Nous sommes maintenant présents aux Etats-Unis et en Inde », se vante Guillaume. Pour Emmanuel Chain, à la tête de Monkey, « Brut a innové en créant un média social ».
« Notre cœur de métier est de démarrer des conversations »
Les vidéos virales d’information ont le même but : donner les clefs d’accès à l’actualité et provoquer des discussions. Mais à chacun sa spécificité « chez Monkey, on veut devenir une marque », développe le journaliste Emmanuel Chain,« en rendant une information très accessible, un ton ludique tout en restant exigeant, pour permettre de comprendre des sujets qui paraissent compliqués ».
Depuis décembre 2017, 30 à 40% des 50 000 abonnés sur Facebook regardent chaque jour la vidéo publiée sur la plateforme. Pour expliquer ce succès, « il faut avoir un regard différent, nouveau et pertinent sur l’actualité et construire les sujets différemment », dévoile l’ancien journaliste de Libération, Johan Hufnagel. L’idée ? « Que ces contenus sortent de la communauté du réseau social mais surtout, ne pas faire des sujets comme le font les JT ». Comme le dit Guillaume Lacroix, « leur sémantique se résume à « et on clôt ce chapitre avec » ou « on ouvre sur ce sujet ». Nous, on fait que démarrer les conversations et ce sont les utilisateurs qui décident de la suite ».
Des médias de curiosité
« Il faut savoir accrocher les consommateurs sur les mobiles, les interpeller, sinon ils fuient. Et on réussit quand on dépasse le stade d’information et qu’on passe au stade d’apprentissage et qu’ils remettent en question ce qu’ils pensaient avoir acquis », explique le journaliste LoopSider. Cette méthode nécessite des équipes d’une dizaine de journalistes dans chaque rédaction. Mais elles s’accroissent avec la popularité de ces vidéos. « Quand on est en live, on est plus puissant que BFM. C’est ¾ de la population française qui est exposée à nos vidéos et qui décide ensuite de regarder ou non la vidéo », expose le co-fondateur de Brut. 75% de cette population se situe entre 18 et 35 ans, les principaux consommateurs des plateformes sociales.
Comm il s’agit d’un nouveau public, il d’agit aussi d’un défi, « on entre dans les champs émotionnels, et on essaie de trouver la façon de créer de la curiosité en maximum trois minutes », commente Johan. Davantage que les « millenials », il s’agit de contenter les « thumbennials », ceux qui lisent avec leur pouce. Pour Monkey, il s’agit d’être pédagogique, chez LoopSider, le travail est sur l’image, et ce, toujours en essayant de se différencier de Brut. Quand les usages changent, les formats s’adaptent. Et tout le monde s’y met : les politiques, les marques. En ce qui concerne le modèle économique, Guillaume Lacroix l’assure « Brut France gagnera de l’argent à partir de 2018 ».