Micro Climat : Episode #4 – Le Crieur de la Villeneuve
Comment les médias de la région Auvergne Rhône-Alpes s’emparent de la question du climat ? Les étudiant•es de l’École de Journalisme de Grenoble ont rencontré des journalistes de ces rédactions, pour cerner comment ces derniers traitent de cet enjeu environnemental, social et politique. Dans ce nouveau numéro, nous avons échangé avec Benjamin Bultel, fondateur du Crieur de la Villeneuve.
« La ligne éditoriale du Crieur de la Villeneuve c’est de parler du quartier, soit des initiatives ou des habitants, soit de traiter un sujet général avec un ancrage local. En fait, c’est un journal par et pour les habitants. » Benjamin Bultel a fondé Le Crieur de la Villeneuve, média participatif, en 2014. A l’image du Bondy Blog, ce journal est né en réaction à la diffusion d’un reportage d’Envoyé spécial qui présentait la Villeneuve comme « un ghetto ». Le journaliste et les résidents souhaitaient parler de ce quartier grenoblois autrement, dans toute sa diversité, pour briser les stigmates qui l’entourent. Ainsi, le média est composé en majeure partie de bénévoles, Benjamin Bultel étant le seul journaliste professionnel au sein de cette rédaction hétéroclite.
Si Le Crieur s’intéresse principalement aux questions sociales qui touchent au quotidien des habitants, qu’en est-il de l’urgence climatique? Pour Benjamin Bultel, cette problématique ne doit pas être déconnectée des réalités sociales, « c’est un sujet transversal ». Pour autant, cette question est peu traitée dans les colonnes du journal. Avec un peu plus de 10 000 habitants, issus majoritairement des classes populaires, la question climatique ne se révèle pas prioritaire au sein de ce quartier. Pour autant, le journaliste l’affirme : « Les pauvres sont ceux qui consomment le moins et de fait polluent le moins, ils sont naturellement écolos. »
Le Crieur est amené à traiter des questions climatiques lorsque les grands débats nationaux s’infiltrent dans les galeries de la Villeneuve et influent concrètement sur la vie de ses résidents. « On trouve ça plus pertinent de faire des articles sur les aides sociales que sur la loi qui interdit le glyphosate, résume le journaliste avant d’ajouter, Par contre on peut parler de la rénovation thermique des logements d’Arlequin qui touche aussi bien les habitants que le climat. »
Pour Benjamin Bultel, il y a une déconnexion entre les initiatives (publiques ou militantes) organisées en centre-ville et celles organisées à la Villeneuve. Pour illustrer cette idée, le journaliste évoque les manifestations contre le réchauffement climatique qui s’arrêtent aux frontières du centre-ville grenoblois, alors même que les circuits ont pu être modifiés lors de cette dernière année: « Une autre façon d’exclure les classes populaires des questions environnementales ».
Pourtant, la Villeneuve est un éco-quartier. D’ailleurs, Benjamin Bultel regrette que les biennales des villes en transition, événement organisé par la mairie de Grenoble du 1er au 4 avril, ne se tiennent même pas dans le quartier.
Plus que jamais, pour Le Crieur de la Villeneuve, si transition écologique il y a, tout le monde doit être impliqué.