La CEDH condamne la Turquie pour d’énièmes emprisonnements de journalistes
Le 10 novembre 2020, la Cour Européenne des Droits l’Homme (CEDH) a condamné la Turquie pour la détention provisoire de dix journalistes du journal d’opposition Cumhuriyet. Ceux-ci étaient accusés de propagande terroriste dans le contexte de la tentative échouée du coup d’État de 2016. L’absence de preuves n’a pas empêché l’État turc de ne libérer le dernier journaliste détenu qu’en avril 2018. Cela prend place quelques jours après que la Cour d’Assises d’Istanbul annule l’acquittement prononcé à l’encontre du représentant de Reporter Sans Frontières (RSF) en Turquie, Erol Önderoğlu. Accusé, entre autres, de propagande terroriste et d’apologie du crime, il risque, avec d’autres, jusqu’à 14 ans de prison ferme. Cela fait de nombreuses années que la Turquie est dénoncée comme étant l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes – sans compter les pressions, violences et licenciements. En tête du classement mondial en 2012, elle compte actuellement près de 160 journalistes emprisonnés en 2020. Une situation renforcée par la récente mise en place d’une législation destinée à contrôler, voire censurer, les réseaux sociaux. En effet, l’Etat peut les condamner financièrement en cas de non respect de la loi et les exclure de Turquie. Une situation qui ne doit cependant pas nous empêcher de voir que, chez nous, l’Etat français, entre violences, défiances et censures, et une loi de « sécurité globale » en discussion, n’a que peu de leçons à donner sur la liberté de la presse et le traitement des journalistes par les pouvoirs publics.