Au Québec, « il n’y a pas de défiance envers les journalistes »
Séverine Grandadam
Katerine Belley-Murray est enseignante au Cégep de Jonquière au Québec, une formation en art et technologie des médias. Elle a accompagné certains de ses élèves jusqu’à Tours pour les Assises du journalisme. Ils sont venus débattre du sujet de cette année : « les médias, tous les mêmes ? ». L’occasion de comparer la situation française avec celle des médias québécois. Au Québec, « il n’y a pas la même défiance envers les journalistes. On ne vit pas de crise, sourit-elle. On en a vécu une en 2012, lors du printemps érable [ndlr période de grèves étudiantes au Québec] qui réunissait 200 000 à 300 000 personnes dans les rues, mais ce n’est plus le cas. » Selon elle, cela peut s’expliquer par le profil des journalistes québécois, loin de l’image du journaliste français : « On voit plus le journaliste comme quelqu’un qui nous ressemble. Dans mes classes, j’ai des élèves dont les parents gagnent le salaire minimum. » Pour un de ses élèves, Samuel Duchaine, la confiance du public dans les médias québécois s’explique également par la manière dont ils pratiquent le journalisme. Le jeune homme et ses camarades publient des articles sur La Pige, le journal en ligne du Cégep : « On va beaucoup sur le terrain et notre école est située dans une ville de 50 000 habitants. Cela permet une proximité avec les habitants. Et puisque les gens ont moins de craintes, ils nous parlent plus facilement. »