Vendredi: le journaliste, mû par les émotions

Avr 13, 2018 | Blog, IJF18 | 0 commentaires

Chaque jour, l’humeur de la rédaction de Journalismes Info au festival international du journalisme de Perugia.

Florine Boukhelifa

займы онлайн Depuis l’ouverture du festival il y a trois jours, nous avons sollicité de nombreux professionnels pour notre série de vidéos “Facts and Affects”. Le thème choisi par la rédaction résulte d’une réflexion de groupe suscitée par l’ouvrage de Florence Le Cam et Denis Ruellan, Émotions de journalistes (2017, PUG).

Joie, colère, peur, fierté, frustration, excitation: tous ces termes rappellent au journaliste un moment de sa carrière. Ainsi, aujourd’hui, dans les couloirs du luxueux hôtel Brufani, nous avons vu nos vidéos sur différents écrans et intercepté certaines conversations : “Et toi, tu aurais répondu quoi ?”

Non, avouer ses émotions ne fait pas un mauvais journaliste. Ces émotions participent, selon les deux chercheurs, à ses capacités d’écoute, voire le rend plus à même de comprendre les événements et les enjeux de ce qui se déroule devant lui. En ces temps de défiance envers la profession, rappeler que les journalistes sont humains, avant tout, nous semble important.

Les journalistes sont aussi touchés et concernés par l’actualité qu’ils couvrent. Au cours d’un atelier portant sur le traitement des problèmes de santé mentale, deux journalistes ont fait part de leur propre expérience de la dépression dans l’exercice de leur métier. Lors d’une conférence sur l’impunité des crimes commis envers les journalistes, impossible de retenir son indignation lorsqu’est évoqué le chiffre de 530 professionnels tués depuis 2012. Difficile, enfin, de garder la tête froide lorsque l’on parle d’un collègue tué dans l’exercice de ses fonctions parce qu’il enquêtait sur un sujet sensible. L’émotion était palpable dans les propos de Peter Bardy, rédacteur en chef d’Aktuality.sk, et confrère de Jan Kuciak assassiné en Slovaquie le 21 février 2018.

Si l’émotion peut parfois nous induire en erreur, elle reste le meilleur moyen pour le journaliste de travailler avec justesse et pertinence. A condition d’être maitrisée, par l’expérience et la compétence.